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Ca Pétille - Hypericon

Ca Pétille par Stéphane BERDUCAT :

Hypericon est un hymne séduisant à la vie, à la jeunesse et à la beauté. C’est aussi le dernier titre de Manuele Fior pour Dargaud.

C’est une aventure qui débuta par un rêve dans lequel l’auteur imagina précisément une rencontre entre une femme et un homme dans un bus à Berlin, un moment fugace et un échange qui a pour cadre la fin des années 90. Il a décidé de raconter l’histoire d’amour non autobiographique entre un jeune punk Ruben et Teresa une universitaire sage, indépendante, sensuelle et insomniaque.

Le bédéiste a l’idée de décrire en parallèle l’une des plus grandes découvertes de l’humanité, celle du tombeau de Toutânkhamon en 1922, événement fascinant qui influença durablement le cinéma et suscite bien des passions. L’étudiante en archéologie qui vient d’être recrutée débarque dans la capitale allemande et elle est un peu perdue. Chargée de préparer une exposition, elle a pour livre de chevet le journal de bord de l’Egyptologue britannique, un ouvrage didactique qui est aussi une œuvre littéraire à part entière.

Pour faire le lien entre ces deux histoires, il a ajouté le millepertuis, une plante très puissante utilisée depuis l’antiquité comme antidépresseur et somnifère qui se nomme en italien et en latin Hypericon. Cette fleur jaune que le dessinateur testa jadis apporte une dominante chromatique subtile et des teintes splendides.

Une fois encore, l’artiste qui alterne constamment entre bande dessinée et illustration tient à offrir aux lecteurs le décor le plus riche et détaillé possible. Il a choisi un environnement qu’il connaît parfaitement car il a vécu quelque temps en Allemagne mais aussi en Egypte. Il a réactivé ses souvenirs s’inspirant des lieux fréquentés ce qui donne au récit une bonne dose de réalisme et une crédibilité supplémentaire. C’est dans le même esprit qu’il a recopié à l’identique ou presque les mots d’Howard Carter dans des cartouches et inséré des plans. Il a aussi glissé quelques clins d’œil sympathiques et une once de fantaisie fort agréable.

Il nous embarque facilement avec ses personnages juvéniles qui gagnent au fil des pages en épaisseur. Bien que différents, ils vont bien ensemble et nous rappellent la fougue et l’audace qui caractérisent les jeunes adultes. Il se dégage de son héroïne un charme magnétique et de la bande dessinée un érotisme fabuleux.

Le dessinateur utilise un découpage assez strict mais parvient à jouer sur le rythme en nous faisant ressentir accélérations et lenteurs. On est subjugué par un dessin traditionnel élégant et par ses magnifiques couleurs réalisées à la gouache. Elles génèrent des paysages envoûtants.

Hypericon, c’est une bd empreinte de nostalgie, un récit de vie optimiste ancré dans une époque où on connaissait peu de limites, une période décisive et sans doute les derniers moments d’insouciance pour le monde occidental. C’est un divertissement somptueux mais également un livre dessiné qui nous fait réfléchir et voyager dans le temps. Quel délice !

 Ca pétille c'est la chronique qui vous permet de suivre toute l'actualité de la bande dessinée, avec la présentation d'une nouvelle BD chaque semaine ! 
Stéphane Berducat vous fait partager ses coups de cœur sur l'antenne de Méga fm. 

Retrouvez "Ca pétille"  le mardi 9h50, le mercredi 17h50, le vendredi 12h50, le samedi 19h20 et le dimanche 9h40 et 16h50