Après GoSt 111 et Cristal 417, le tandem remet le couvert toujours chez Glénat avec un portrait savoureux, celui de Fatoumata, une femme de ménage courageuse qui élève seule ses trois enfants.
Pour améliorer son quotidien, elle cédera aux propositions des lascars. Elle acceptera de conserver à son domicile une substance qui attire bien des convoitises.
Cette intrigue sombre, bien structurée et riche en rebondissements est brillamment mise en cases par Raphaël Pavard un jeune dessinateur qui étonne autant qu’il nous charme avec une technique expérimentale enthousiasmante et singulière.
L’artiste dont c’est ici la première bande dessinée a produit cent planches en couleurs directes, des pages qui comportent pas mal de cases et de nombreux détails. Il a consacré 4 ans de sa vie pour illustrer l’opus et ça se sent.
Il apporte beaucoup de délicatesse à un scénario rugueux qui reflète hélas l’impitoyable réalité mais qui ne commet jamais l’erreur de tomber dans le pathos et de céder à la facilité.
Son approche autodidacte, son trait vif, libre et lisible surprend tout autant que son usage du bic pour l’encrage.
Avec cet outil, il semble faire à peu près ce qu’il veut, laissant même délibérément entrevoir quelques imperfections, des accidents, qui correspondent à merveille à des vie cabossées.
Sa mise en scène est toujours pertinente et il excelle pour réaliser des tronches incroyables, des personnages habités et la plupart du temps peu recommandables.
Son traitement coloré expressionniste est une petite merveille qui laisse transparaître les nombreuses émotions traversées par des acteurs principaux et secondaires la plupart du temps sous pression.
Il y a beaucoup de couleurs, on en prend plein les yeux grâce à de nombreux mélanges. On perçoit de la douceur du bleu, de l’orange, du jaune un joli mixte d’aquarelle, d’acrylique et de gouache. Même notre héroïne Africaine n’est jamais tout à fait noire, le bédéiste s’amuse encore et toujours livrant un dessin à la fois dynamique, intense et vivant.
Une seconde lecture est indispensable pour saisir tous les clins d’œil mais également pour identifier les animaux et végétaux que l’auteur s’est amusé à glisser dans un cadre hostile et désolant dont on perçoit assez vite les rouages.
Cette prestation graphique époustouflante et généreuse associée à une fine maîtrise de la narration nous permet de passer un agréable moment et nous laisse finalement sur une bonne impression.
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Stéphane Berducat vous fait partager ses coups de cœur sur l'antenne de Méga fm.
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