Chroniques de Francine R. Résistante et Déportée est un témoignage historique majeur, un roman graphique brut et précieux illustré avec sobriété.
Edité par Glénat dans sa collection 1000 feuilles, il est réalisé par Boris Golzio.
Le point de départ de ce projet, c’est une rencontre qui eu lieu à Lyon il y a de nombreuses années entre l’auteur et un parent éloigné: notre héroïne qui était alors désireuse de faire la connaissance d’un petit cousin. L’envie de recueillir l’expérience de Francine s’est imposée puis lentement l’idée de transformer l’entretien en Bande Dessinée a émergé.
Il faut dire que la vieille dame s’était engagée dans une démarche de transmission, elle était disposée à raconter « sa guerre ». Il en résulte un échange spontané, désordonné qui nécessita un laborieux travail de recherches.
Le bédéiste a remis les souvenirs dans l’ordre chronologique, vérifié les informations et délivré d’intéressantes précisions. Elles apparaissent dans des phylactères noircis qui complètent judicieusement la parole du personnage principal dont les propos constituent l’essence du livre dessiné. Ce n’est pas un opus de plus sur le sujet, il n’a rien à envier à Ma guerre de Tiburce Oger, KZ Dora de Robin Walter ou encore Les louves de Flore Balthazar. Il apporte un éclairage précieux sur la situation des résistantes internées lors du second conflit mondial. Comme souvent, le médium utilisé rend accessible un récit bouleversant. Elle explique l’arrestation, les transports, les relations entre les prisonnières, les conditions de vie et de travail mais aussi les actes de sabotage au cœur des camps. Il contient des informations plus rares encore sur les expérimentations subies par les détenues et le rôle des « bus blancs » de la croix rouge.
Boris Golzio a adopté un parti pris narratif ingénieux et un dessin naïf sans artifices pour mettre en images cette histoire authentique émouvante avec laquelle il nous rappelle que les femmes ont payé un lourd tribut à la guerre portant durablement les stigmates de cette douloureuse période. Il met en lumière la méconnaissance des grandes figures féminines que sont Germaine Tillion ou Marie-Claude Vaillant-Couturier et apporte ici sa participation pour qu’elles soient reconnues à juste titre et qu’un lieu dédié pour se remémorer leur courage soit édifié.
Écoutez la Chronique :